mardi 9 août 2022

Rencontre avec Jim, un globe-trotter français amoureux du Bélarus

Retrouvez les articles de Jim et beaucoup d'autres informations en français sur Facebook : 

Nous avons eu le plaisir et l'honneur de rencontrer enfin Jim pour de vrai en juillet 2022. Jim est un trentenaire français, fin connaisseur de la Biélorussie, possédant déjà un bon niveau de russe, mais venu encore parfaire ses connaissances linguistiques pour deux mois.

Ce voyage, qui avait dû être plusieurs fois repoussé, il l'avait attendu longtemps. Auteur de carnets de voyages pour le blog Bélarus-Biélorussie animé par la Biélorusse Julie Novik, il a été un des rares à pouvoir parfaitement retranscrire ce qu'un Occidental peut ressentir en arpentant les rues de Minsk, Moguilev, Grodno ou Brest.

Voir à ce sujet :

Me&Minsk avec Jim L.: "Un lien s’est fait avec Minsk"

Me&Bélarus avec Jim L.: "Moguilev, Grodno et Brest"

Jim est donc une pointure de référence concernant le pays sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, plateforme sur laquelle il administre avec persévérance le plus grand groupe francophone traitant de la Biélorussie. Il a bien voulu accepter de répondre à nos questions pour notre blog Nouvelles de Biélorussie.


Je suis surpris que tu aies pu venir un si grand nombre de fois en Biélorussie en un temps assez court, car la première fois c'était en 2017. Et maintenant tu en es à ta huitième visite ? C'est donc une véritable histoire d'amour pour ce pays. Pourrais-tu nous raconter comment cela a commencé ? Comment peut-on parvenir à s'intéresser à la Biélorussie depuis la France ? Quand as-tu entendu parler pour la première fois de la Biélorussie ?

Bonjour Laurent, la prise de décision pour le premier voyage au Bélarus s'est faite un peu par hasard. En effet, un ami s'était rendu à Saint-Pétersbourg mi-2017 et il voulait qu'on aille quelque part ensemble, j’avais alors naturellement pensé à la Russie (Moscou notamment). Il venait d'y aller et il songeait à un autre pays de l'ex-URSS. Plusieurs options en Europe étaient sur la table. La seule option m'ayant convaincu était le Bélarus.

Je connaissais uniquement des informations basiques sur le pays, notamment dans les atlas et livres de géographie. Mais ayant une certaine méfiance vis-à-vis du narratif des médias mainstream occidentaux, l'image négative médiatique ne m'a pas empêché de choisir ce pays parmi les différentes options. J'ai regardé quelques vidéos sur YouTube de « timelapse » de Minsk, de la nature du Bélarus et j'ai décidé que ce serait ce pays.

Je pensais découvrir un pays relativement préservé, avec des traces encore visibles de l'époque soviétique, dans un pays industriel et agricole. Ce que je n'imaginais pas, c'est le niveau de restauration et d'entretien des bâtiments, de propreté et de sécurité du pays. Sans parler du développement de l'IT [1] qui était une nouvelle piste de développement économique pour le pays.

Minsk "Monument AR", 2019

Il faut savoir que la première fois où je suis venu, c'était au moins d'octobre à Minsk. C'est une période qui est plutôt pluvieuse et fraîche. Malgré cela, j'ai tout de suite été emballé par la capitale du pays. L'architecture diverse minskoise, entre le stalinien monumental et les immeubles plus récents d'autres quartiers (soviétique tardif ainsi que années 2000) m'a vraiment plu.

Minsk, Place Nezavisimosti, octobre 2017

Une chose est rapidement devenue évidente : il me fallait apprendre le russe, tout d'abord l'alphabet cyrillique. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de m'auto-former pour comprendre la base de la base (l'alphabet), avant de trouver des cours de russe en France que j'ai suivis pendant deux ans (30 h la première année et 45 h la seconde) entre la rentrée 2018 et la fin de l'année scolaire 2020.

Je m'intéressais à ce qui touchait à l'URSS, le monde russe, l'Europe de l'Est au-delà de l'ex-rideau de fer : je ne suis pas vraiment intéressé par les destinations et pays qui fascinent généralement les Français (hormis l'Italie, évidemment). Certains rêvent de vivre en Californie, à Dubaï, en Australie, moi c'était plutôt de vivre en Russie ou dans un pays de l'ex-URSS. Il s'est avéré que le Bélarus correspondait à mes attentes.

Dans quels autres pays as-tu voyagé ? Es-tu allé en Russie ? Dans d'autres pays de l'ex-Union Soviétique ? Que peut-on faire comme comparaisons et où se situe la Biélorussie dans l'échiquier mondial d'après toi, par exemple en termes de qualité de vie, de politique sanitaire, de politique intérieure et extérieure ? 

Je n'ai pas encore eu le privilège de visiter la Russie. En effet, j'avais planifié d'y aller en 2020, mais la pandémie est arrivée. En 2021 un problème personnel m'a empêché de voyager durant l'été (mon projet d'études au Bélarus a dû être annulé au dernier moment). En 2022, un autre événement d'actualité a complexifié les voyages vers la Russie, c'est assez évident.

La pandémie m'a également empêché d'aller au Kazakhstan, que je voulais visiter en 2020 ou 2021 (notamment Astana/Nur-Sultan et Almaty). A l'heure où j'écris ces lignes, il semble malheureusement que le Kazakhstan pourrait de nouveau fermer ses frontières pour cause de covid, ou du moins adopterait des mesures de restrictions entravant une visite sereine de la capitale. Mais la situation évoluant rapidement, rien n'est encore sûr [2]. J'ai déjà mon billet réservé depuis fin juin pour y passer au moins une dizaine de jours, après mon séjour estival d'apprentissage du russe au Bélarus. 

Jusqu'à présent, je n'ai voyagé qu'en Europe (escale d'un jour en Géorgie exceptée). L'autre pays que j'ai visité qui m'a également satisfait est la Bulgarie, je m'y suis rendu le jour du début du second confinement en France (séjour de fin octobre à début novembre 2020). Je pouvais donc aller tranquillement au restaurant et dans les lieux culturels à Sofia puis à Plovdiv, pendant que les Français étaient interdits de restaurants, bars, cafés, musées, etc.

Les restrictions covid m'ont aussi empêché d'aller en Italie où je souhaitais visiter la petite République de San Marino (Saint-Marin en français), l'an dernier.

Le second pays de l'ex-rideau de fer que j'ai visité après le Bélarus fut la République Tchèque, durant un bref week-end à Prague. Je m'y suis rendu en mars 2018 après avoir été à Minsk pour la première fois quelques mois auparavant. Disons que Prague m'a un peu déçu. Très belle architecture, mais le reste a été en dessous de mes attentes, notamment le côté trop touristique et les désagréments que cela provoque.

Mon actuel voyage au Bélarus, du fait des sanctions occidentales (que je trouve injustes pour les simples citoyens dont je suis) pénalisant Belavia et les vols de et vers Minsk, a été assez compliqué. En effet, les lignes directes n'existent plus entre Paris et Minsk. Il reste quelques possibilités, dont le vol via Turkish Airlines (très coûteux) avec escale à Istanbul, ou le trajet mixte avion jusqu'à Vilnius puis bus jusqu'à Minsk (et avec une très longue attente de plusieurs heures à la frontière côté lituanien).

J'ai opté pour une option alternative. Vol jusqu'à Tbilissi, par le biais de la compagnie grecque Aegean Airlines avec escale à Athènes. Je suis donc parti le mercredi à 6 h 30 du matin en train pour rejoindre Paris. Puis j'ai pris le taxi jusqu'à l'aéroport. Ensuite, mon avion a décollé, je suis arrivé à Athènes, puis enfin arrivée à 4 h du matin (le jeudi) à Tbilissi.

J'avais le choix entre 30 min d'escale et le risque de rater le vol pour Minsk ou attendre un jour. J'ai choisi l'option 2. Disons que je ne suis pas tombé sur le meilleur des hôtels et qu'il était situé dans un quartier périphérique peu intéressant (un chauffeur m'avait convaincu de ne pas rester 1 jour à l'aéroport et de le suivre)... J'ai ensuite pris le vol Belavia de Tbilissi à Minsk pour arriver vendredi à 8 h du matin. Un trajet qui, initialement avec Belavia, prenait moins de 3 h pour relier Paris à Minsk...

Porte de Minsk, juillet 2022

Je trouve personnellement que le Bélarus a appréhendé la pandémie de manière plus réfléchie, sereine et moins catastrophiste que la plupart des autres pays, avec leur surenchère de la peur et de l'hystérie généralisée (la France ayant été un des champions européens en la matière). 

Au Bélarus, n'y a pas eu d'attestation de sortie obligatoire [3], pas de confinement à domicile des populations, pas de fermeture forcée pendant des mois, voire des trimestres entiers des lieux de loisirs, culturels et culinaires. Pas plus qu'il n'y a eu de pass sanitaire/vaccinal interdisant aux personnes non vaccinées (et n'ayant pas d'attestation de guérison) l'accès aux lieux de loisirs, culturels et culinaires.

Par ailleurs, au Bélarus, des vaccins plus fiables et moins douteux, comme le Sputnik V ont été proposés pour les personnes souhaitant se faire vacciner. On ne retrouve pas ici cette relation trouble avec certaines firmes de big pharma, qu'on a pu constater dans l'UE.

Le positionnement international du Bélarus me semble être dans une posture initialement de prudence, puis de méfiance vis-à-vis des « mondialistes », les autorités étant bien conscientes de la versatilité de ces décideurs de « la communauté internationale ».

La qualité de vie ici pour ce que je connais du pays (principalement Minsk et Moguilev) me semble indubitablement meilleure que la ville d'Île-de-France où j'ai vécu la majeure partie de ma vie (et que j'ai quittée). Certes, je suis bien conscient que le niveau de revenus moyens notamment hors de Minsk est un point difficile à ne pas minorer par rapport à la France, mais, il y a tout le reste... et c'est ce « tout le reste » qui me fait préférer le Bélarus. 

Tous les expatriés se plaignent de la difficulté de l'apprentissage de la langue russe. Même marié(e) avec un(e) Biélorusse, on rencontre de nombreux problèmes avec la langue. Tu parles déjà bien le russe, quels sont tes ''trucs'', qu'est-ce qui te motive à apprendre cette langue difficile ?

L'apprentissage du russe est effectivement compliqué, notamment les cas et déclinaisons qui vont avec. Avant mon séjour linguistique ici à la MSLU depuis début juillet 2022, je n'avais fait que deux « années » de russe. Mais ce n'étaient que 30 h puis 45 h.

J'ai à mon avis perdu en pratique, car ces cours se sont arrêtés en 2020, indépendamment de ma volonté. Pratiquer en France la langue russe n'est pas chose facile, surtout en province. Je constate que mon niveau oral, limité par mon niveau de russe « faux débutant », diffère selon la situation.

Quand je suis fatigué, inquiet, perplexe, mon niveau de russe chute assez considérablement. En effet, j'ai besoin encore de réfléchir, cela ne vient pas spontanément, contrairement à l'anglais par exemple, lequel j'ai étudié beaucoup plus longtemps. Malgré tout il faut avoir de la volonté, intransigeante, imperméable et inflexible : vous tombez une fois, deux, trois fois, vous vous relevez autant de fois qu'il le faudra !

Comment se faire des amis en Biélorussie et établir le dialogue avec des locaux ?

J'étais d'un naturel assez réservé auparavant, mais j'avais une forme de motivation en arrivant ici de mieux connaître les habitants. Lors d'une sortie festive au cours de mon second voyage, j'ai rencontré une très charmante demoiselle qui parlait également anglais. Car il faut le dire, la barrière de la langue faisait que je ne pouvais pas communiquer réellement avec les non-anglophones. Je l'ai ensuite revue pour mieux faire connaissance et apprendre à se connaître.

J'ai ensuite visité une partie de la ville de Minsk avec elle, Ce fut plus intéressant que la première fois, lorsqu'on le fait avec une personne qui connaît la ville c'est différent. J'ai gardé un contact régulier avec elle jusqu'à ce jour et l'ai revue lors de la plupart de mes déplacements au Bélarus. J'ai ainsi pu découvrir grâce à elle le parc aquatique de Minsk, la ville de Moguilev et les marshrutki, ces minibus emblématiques de l'ex-URSS que j'utilise souvent pour les trajets entre villes.

Deuxièmement, j'ai appris qu'il était préférable d'avoir les réseaux sociaux utilisés ici. En effet, lors de mon voyage à Grodno en janvier 2019, j'avais sympathisé avec un policier (ou milicien pour reprendre le terme en vigueur ici). Mais je n'avais alors pas le réseau VK, et c'est fort dommage car ce dernier m'avait proposé via VK de m'informer sur les bons plans de Grodno.

Donne-nous un peu plus de détails sur ce que tu aimes en Biélorussie. Quelle est ton activité favorite ici ? Quelle attraction touristique viendrait en premier selon toi ? Quel est ton plat biélorusse préféré ?

Ce que j'aime au Bélarus, c'est tout d'abord le pays en lui-même. Dès ma première venue, j'ai été agréablement surpris par ce pays très forestier et agricole, avec des paysages que j'ai tout de suite appréciés. On peut les observer lors du trajet aéroport-Minsk. Ensuite, c'est la propreté et le niveau d'entretien des bâtiments et infrastructures dans les villes. Rarement (jamais serait plus correct) ai-je vu une capitale et des grandes villes aussi propres qu'ici !

Quartier de la Trinité, Minsk, 2018

Les lieux d'intérêt notable que j'ai visités jusqu'à présent, me semblent être d'une part la Forteresse de Brest-Litovsk, où commença l'opération Barbarossa en juin 1941. Un lieu plein d'histoire dans lequel on ressent le sacrifice de nombreux hommes et de leurs familles.

Suite à plusieurs commentaires de la part de personnes l'ayant visitée sans avoir été vraiment touchées, je pense qu'il est recommandé de visionner le film russo-biélorusse « Брестская крепость » /  « Brest Fortress - Fortress of War » avant de s'y rendre, comme je l'avais fait...


Forteresse de Brest-Litovsk et mémoriaux, été 2019

Ensuite, je pense que le Musée de la Grande Guerre Patriotique est un lieu à voir absolument pour comprendre l'histoire du pays et comment ce conflit a impacté profondément la vie des Biélorusses.

Enfin, j'ai eu l'opportinité ce mois-ci de visiter le château de Nesvizh, un magnifique endroit datant du XVIe siècle que je recommande vivement !

Un autre musée est assez intéressant à visiter, je l'ai découvert lors de mon second voyage au Bélarus : il s'agit du « Bélarus Mini », à proximité du palace de la République. Celui-ci expose des miniatures des principaux monuments du Bélarus. De cette manière, j'ai pu d'une façon interactive et ludique découvrir quels lieux intéressants étaient à visiter absolument au Bélarus. Le château de Nesvizh en faisait partie :

Château de Nesvizh, juillet 2022

La nourriture biélorusse me convient également, c'est même peu de le dire ! Ce n'est pas pour rien que depuis que j'ai découvert la chaîne de restaurants Vasilki en 2017 (cuisine traditionnelle biélorusse), il demeure à ce jour mon restaurant préféré (non pas seulement au Bélarus, mais globalement) ! J'adore les draniki, la matchanka, le kholodnik, les charcuteries, les blinis, les plats à saucisses + oeufs + pommes de terre, la sauce smetana, le tvorog, ainsi que le medovik.

Vasilki, Minsk, 2018

Vasilki, Moguilev, été 2020

Côté boissons, je me trouve comblé ici : Kvass, Mors, jus de bouleau, bières et vodkas biélorusses, jus et boissons chaudes (thés aux fruits) colorées fruitées...

Je dois dire qu'au début, mon activité préférée durant mes précédents courts séjours était de me promener dans la ville, de marcher, marcher. Parfois pendant des heures et des kilomètres. C'est ainsi que j'ai appris à connaître une partie non négligeable de la ville de Minsk, dont je pense connaître mieux les rues que celles de Paris, auprès de laquelle j'ai pourtant vécu plus de 30 ans !

Voici un passage de mon article évoqué dans l'intro par rapport à ce que j'ai retrouvé/revisité depuis que je suis ici (dans le sud de Minsk) :

Pour Minsk :

Parc Pobedy / Parc de la Victoire

Avenue Nezavisimosti / Indépendance et la place du même nom 

Place Pobedy / de la Victoire (obélisque) 

Rue Karla Marksa 

Avenue Pobideteley 

Nemiga et rue Zubickaya 

Rue Lénine et la place de l’Hôtel de Ville avec ses statues et sculptures lumineuses 

Bords du Svislach / Quartier de la Trinité

Parcs Yanka Kupala et Gorki

Centres commerciaux Tsolica Center et Galleria Minsk 

Environs du Dinamo Minsk stadium 

 Pour Moguilev :

Rue piétonne Lénine / Leninskaya avec la place des étoiles de l’astrologue, ainsi que la fontaine avec la statue du couple de jeunes 

Avenue de Mai  / Первомайская (celle qui mène à la place Slavy)

Place Slavy, hôtel de Ville et monument mémorial 

Pont sur le Dniepr et ses lions

Parc Padmikollié et ses superbes fontaines, ses sculptures de lions et ses chemins toujours plus nombreux !

Centre commercial Tsum et l’Atrium 

Astrologue, Moguilev, 2020


Parc Podnikolye, Moguilev, juillet 2020

Dans les articles du blog Bélarus-Biélorussie, on apprend que tu es rédacteur web. Ayant aussi exercé dans ce domaine, je serais curieux de savoir quels articles tu écris en général et pour quels sites, pourrais-tu nous en dire plus ou est-ce un secret ?

Concernant mon activité professionnelle de rédacteur web/copywriter, j'ai surtout écrit pour deux thématiques : l'artisanat (serrurerie, plomberie, électricité, installation de volets, vitrerie...) ainsi que les voyages en général et la description de destinations touristiques en particulier.

Tu es aussi très actif sur les réseaux sociaux et un des administrateurs d'un prestigieux groupe sur Facebook: Amitié Franco-Biélorusse. C'est d'ailleurs là que nous nous sommes connus. Je me suis toujours demandé comment tu fais pour exercer les fonctions de modération, car je crois que tu excelles dans ce domaine.

Par exemple, comment avez-vous procédé pour gérer les avis biaisés reçus des internautes lorsqu'il se passe des événements comme en été 2020 ou de nouvelles sanctions imposées par l'Europe contre la Biélorussie ? Est-ce vrai qu'il y a beaucoup de trolls dans ces groupes, payés par les gouvernements occidentaux pour discréditer la Biélorussie ou la Russie ?

La modération du groupe Facebook peut parfois être compliquée. Disons que je suis assez indulgent, mais il y a des limites à ne pas franchir. Certains aiment bien essayer de les franchir, sûrement par goût de la provocation. Il est arrivé plusieurs fois de virer des membres qui dépassaient les limites à plusieurs reprises. Faisaient-ils cela par « passion » de la provoc' et du trollage, ou pour d'autres raisons, difficile à dire...

Toujours est-il que pendant la période « chaude » politique entre début août et fin novembre 2020, il y a eu une certaine permissivité de publication de contenus politiques décidée à la majorité de l'équipe de l'époque. A titre personnel, je n'y étais pas favorable et ne l'ai jamais été. Un certain nombre de membres de longue date du groupe sont partis, lassés des tonnes de publications à caractère politique quotidiennes. Je l'ai été également, et l'ai fait savoir.

Ce groupe ne faisait pas de politique, car des personnes aux idées différentes qui le composent pouvaient ainsi éviter ce sujet qui fâche, pour que l'ambiance soit plutôt courtoise et moins électrique.

Finalement, il a été décidé de revenir à la ligne originelle, à savoir ne pas publier de politique. Suite à cela, des nouveaux membres présents uniquement pour une ligne 100% politique (et qui n'en avaient rien à faire du but original du groupe) sont partis également...

Comment crois-tu que la majorité des Français perçoivent actuellement la Biélorussie ? Savent-t-ils même que ce pays existe ou le confondent-ils avec la Russie ?

Malheureusement, une bonne partie des Français ne connaît quasiment pas l'existence de ce pays, ou du moins pensent que « c'est la Russie », comme si c'était une république au sein de la Fédération, comme peuvent l'être le Daguestan, le Tatarstan, Sakha, la Tchétchénie ou encore la Carélie. Certes, il y a le « Union State », mais il s'agit d'une union douanière et économique. Le Bélarus demeure un pays indépendant depuis 1991 jusqu'à aujourd'hui.

De plus, la couverture médiatique francophone, très limitée et généralement très négative envers le pays, ne donne pas une bonne image du pays pour les Français. On m'a parfois demandé des choses assez incroyables, comme par exemple si je devais craindre pour ma sécurité de venir ici, que ce serait « dangereux »... Il est factuellement plus dangereux en tant que Français d'être dans les grandes villes françaises que d'être ici au Bélarus.

Pour finir, est-ce que tu aimerais t'établir ici et par exemple te marier et avoir une maison ou préfères-tu rester en France comme résidence principale ?

Pour conclure, effectivement, j'ai le projet de m'installer ici. Acquérir une maison, je ne sais pas, je n'ai pas vraiment creusé la question. Je sais qu'il existe des maisons en bois assez anciennes, dans différents états de conservation, dans les villages mais également dans les grandes villes (les groupements de maisons qu'on retrouve y compris à Minsk). Ainsi que des maisons plus modernes, mais qui ont aussi un coût, d'après ce que j'ai compris, élevé et au-dessus de mon budget.

Je songe plutôt à un appartement, notamment dans une grande ville d'un autre oblast (par exemple, Moguilev), même si certaines petites villes comme Belinichi (oblast de Moguilev) ont un charme particulier. Toutefois, il me faudra voir à quoi ressemblent ces villes en hiver (notamment cette petite ville, car le temps y est peut-être long). Car l'hiver est tout aussi important que l'été quand on souhaite vivre quelque part ! 

Sculpture à la fontaine "40 Let Pobedy", Moguilev, août 2022

Concernant le mariage, cela me semble plus probable de m'établir et de me marier ici que de le faire en France... car notamment, je ne me vois pas vraiment fonder une famille en France. Le Bélarus a su conserver le mariage « authentique » (qu'il soit civil ou religieux), contrairement à la France. De plus, le système éducatif français et les perspectives futures ne me conviennent pas.

Rivière et voie Dubravienka, Moguilev, août 2022



[1] L'illustration de « Minsk Monument AR » est un socle somme toute assez banal en apparence quand on le croise sur la partie piétonne de la rue Komsomolskaya. En réalité, les gens sont invités à télécharger l'application, l'utiliser ensuite pour scanner le QR code et surprise ! Ce « Monsieur Hibou » apparaît sur le téléphone, vous pouvez alors le prendre en photo ! C'est donc une sorte d'hologramme, développé par une entreprise IT du Bélarus.

[2] La ville d'Astana, également appelée Nur-Sultan, capitale du Kazakhstan, est repassée aujourd'hui dans la zone "verte" de la catégorisation de la gravité du covid, après avoir frôlé la zone "rouge" et être restée pendant plus de deux semaines dans la zone "orange". Cette info a été relayée notamment par la page d'informations sur Instagram "@Astana_city". Les autorités Kazakhes avaient mi-juillet émis la probabilité d'une fermeture des frontières, si la situation s'aggravait dans le pays en général et à Astana en particulier. Il semblerait, si la situation perdure vers une amélioration, que le pays soit accessible normalement et sans restriction particulière sur place pour début septembre.

[3] Pour rappel, interdiction d'aller à plus d'1 km de chez soi sauf raison impérative, avec contrôles par la police de ces documents sous menace d'amende allant de 135 à 1500 € en cas de récidive !


Crédits photographiques: Toutes les photos sont © Jim.

Retrouvez les articles de Jim et beaucoup d'autres informations en français sur Facebook : 

Maintenant aussi sur VK : 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire